Cancun: La colère montre contre le rôle de la Banque Mondiale dans les financements climat
CANCUN, MEXIQUE – Alors que les discussions sur les financements climat de long-terme chauffent aujourd’hui à Cancun, des activistes du monde entier condamnent les tentatives des pays riches de tailler un rôle spécial pour la Banque Mondiale dans la gestion de ces fonds.
Les activistes sont furieux de voir que la Banque Mondiale est promue comme canalisateur des financements climat. Ils insistent sur le fait que cette institution continue de financer des projets d’industries fossiles désastreux pour l’environnement pour un montant de $6.6 milliards sur l’année dernière seulement, il ne s’agit donc pas des bonnes mains à qui confier les fonds de la lutte contre le changement climatique. Ils se réfèrent aussi à l’histoire récente de la Banque imposant des prêts pour les financements climat, créant de nouvelles dettes pour les pays déjà appauvris, accroissant le rôle du secteur privé et imposant des conditions concernant les politiques économiques qui conduiront à une augmentation des inégalités.
La coalition de divers groupes de pays développés et en développement a lancé aujourd’hui une nouvelle campagne “La Banque Mondiale, hors des financements climat” appelant les gouvernements à faire résistance à tout rôle de l’institution dans les financements climat. Ils sont particulièrement en colère contre la version initiale du texte de négociations, dans laquelle la Banque Mondiale a été invitée à servir de garant intérimaire d’un nouveau Fonds mondial climat – et potentiellement de secrétariat.
En guise de réponse, 200 organisations du monde entier, dont Jubilee South, Friends of the Earth International et la Pan African Climate Justice Alliance ont signé une lettre ouverte aux gouvernemements qui participent aux négociations de Cancun, affirmant que la nature, la structure, le bilan et les politiques de la Banque Mondiale et d’autres banques de développement étaient en contradiction avec ce que devrait être les principes de financements climat justes et efficaces.
Ian Rivera, de la Freedom from Debt Coalition (FDC) – Philippines, a dit: “Il est scandaleux que la Banque Mondiale soit imposée aux pays en développement. Les populations des pays en développement ne veulent pas travailler avec la Banque Mondiale pour accéder aux fonds nécessaires pour le climat. Compte tenu de leur amère expérience, ils savent que la Banque Mondiale augmentera leurs dettes et la pauvreté, et sapera les droits humains et leur indépendance. C’est pourquoi nous avons lancé une nouvelle campagne pour empêcher la Banque Mondiale d’être imposée aux pays en développement qui ont besoin de financements climat pour faire face au changement climatique”.
Les activistes sont également en colère de ne pas pouvoir faire campagne contre la Banque Mondiale à l’intérieur des négociations onusiennes. On leur a dit qu’aucune autorisation ne serait accordée pour toute manifestation mentionnant la Banque Mondiale, ils sont donc obligés de marcher et de protester en dehors du centre de conférence.
Muhammad Reza, de KRUHA (People’s Coalition for the Right to Water)-Indonésie, a dit: “Nous ne sommes pas même autorisés à murmurer le nom de la Banque mondiale de manière négative à l’intérieur des Nations Unies. Cela revient à réduire au silence la société civile dans un espace où la voix de la société civile doit être entendue et écoutée”.
On pense que le gouvernement du Royaume-Uni joue un rôle clé dans la pression pour que la Banque Mondiale prenne le rôle de gestionnaire des financements climat, et fournit 80% de ses financements climat au travers de la Banque Mondiale, dont 60% sous forme de prêts à des pays en développement.
Kirsty Wright, du World Development Movement, dit: “Les pays donateurs, en particulier le Royaume-Uni, poussent de manière injuste pour que les financements climat soient canalisés sous forme de prêts par la Banque Mondiale. Les pays riches imposent de manière anti-démocratique la Banque Mondiale dans ces négociations. Le texte des négociation en cours va plus loin que l’Accord de Copenhague en invitant spécifiquement la Banque Mondiale à devenir la gestionnaire des financements climat. On ne peut pas faire confiance à la Banque Mondiale sur les financements climat car elle est un leader concernant les investissements dans les énergies fossiles, comme les centrales énergétiques à charbon. C’est absolument scandaleux, et nous nous y opposerons fortement avec nos alliés du monde entier”.
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DATE: Mercredi 8 décembre – HEURE: rassemblement 9h30, marche à 10h – LIEU: A partir du Palais Municipal (Cancun, Mexico)
Avec Ricardo Navarro – Friends of the Earth El Salvador, Beverly Keene – Jubilee South Americas, Primo Rivera-Freedom From Debt Coalition et des intervenants de communautés affectées à travers le monde par la Banque Mondiale.
Marche jusqu’au Km 0 et retour à la mairie à 11h30 où une pinata géante en forme de cochon représentant la Banque Mondiale sera battue.